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Mon ado est si triste

 

 

"Le bel âge, c'est chaque jour; le bel âge, c'est demain; c'est un sourire, un petit mot gentil, une alchimie mystérieuse entre deux êtres "

 


 

 

"T'es grande, toi ! Tu pourrais jouer au basket! "

JeaJJ n BeliJJgot

 

" Le blé en herbe, tout est possible puisque rien n'est fait. Le rêve et aussi la révolte. Les extrêmes."


" - Aucune liberté

- Envie de quitter le nid familial, l'élevage , le plus tôt possible.

J'ai commencé à vivre lorsque j'en suis sortie "



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

" Mon ado est si loin, si triste. Jusqu'à 13 ans, je vivais avec ma famille, mon village; je courais dans les champs et les chemins. C'était le bonheur.

Puis, lorsque les hormones ont commencé à titiller mon émoi, on m'a mis interne dans un pensionnat, pour mon bien, soi-disant.

Le son de la cloche rythmait nos journées : étude, cours, réfectoire, étude, dortoir ... Les semaines se traînaient, tristes et monotones. Un surveillant général, Cerbère, y faisait régner un climat de terreur. Dès la première semaine, j'ai été collé deux week-ends, pour avoir apporté un paquet de gâteaux au dortoir. Cela attirait les souris, paraît-il ...

Je me souviens aussi ... Les vitres de fenêtres étaient peintes, pour nous empêcher de communiquer avec les filles que nous retrouvions en cours. Avec une pièce, nous grattions la peinture pour espérer les voir relever leurs jupes en offrant leurs cuisses au premier soleil de printemps ... Une génération de frustrés !

Je m'inventais alors des amours . J'écrivais des poèmes à des filles qui ne m'aimeraient jamais. Chateaubriand, Verlaine, Rimbaud m'accompagnaient pendant les longues sorées d'étude . " Et je m'en vais, au vent mauvais qui m'emmène deci, de là, pareil à la feuille morte ..." Où allais-je ?

Et puis, aussi celui-là : " Vivez si vous m'en croyez, n'attendez à demain, cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie ..." Et je ne vivais pas.

Cela a duré jusqu'à 18 ans.

Un matin, nous nous sommes rebellés. Au premier son de la cloche, nous nous sommes levés comme des ressorts. Le dortoir était tout en longueur ; deux rangées de lits gris aux matelas rayés bordaient une allée centrale. Et là, nus, la serviette calée sur les hanches, nous avons marché, les uns derrière les autres en chantant : " Erection du matin, rencontre en chemin ! " Mais nous avons rencontré Cerbère qui était là, tapi. Nous voulions seulement montrer que nous étions de petits hommes . Castrés, une fois de plus . "

 

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