24 avril : 10 jours à Conakry.
Je quitte la chaleur, je quitte mes amis, un pays
devenu en quelques jours presque familier.
Ce détachement m'est douloureux, doucement
douloureux, un noeud au creux de mon ventre.
Je repars, riche de plaisirs, de sensations et d'émotions.
Je garde les sourires désarmants adressés
aux Fautés et les bonjours chantant d'une façon
si particulière.
Je garde l'accueil qui nous a été accordé,
toutes ces portes qui se sont ouvertes, ces chaises aux visiteurs
à des places d'honneur.
Je garde les regards sincères, les remerciements
qui ne sont pas de façade.
Je garde douloureusemnt aussi parce qu'ils me manquent
déjà ces échanges de coeur à coeur,
portés par les regards. Et parfois lorsque les mots manquent,
ces mains qui prennent le relais, pressent, entourent, palpent,
porteuses de toute l'émotion qui n'en peut plus de se taire.
Je garde les vibrations des djembés, les mains
qui frappent sans relâche, appels, solos, ensembles, rythmes
réguliers des doudouns, la sueur qui coule et les rythmes
qui s'enchaînent inlassablemnt, en dépit de la chaleur.
Energie brute, fauve, qui se dégage des corps
noirs lancés dans des déhanchements effrénés
; Ballets Africains, Ballets Djoliba, Troupe de Matam, Petits Sorciers,
Ecole Sanké ... Combien de passions, d'énergie, de
volonté, d'acharnement.
Sylvie Pierrel, avril 2003
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