En arrivant devant la grille , je jette un regard furtif autour de moi en sachant très bien que je ne les trouverai pas. Je rentre dans la cour et je n'entends plus les voix et les cris de mes copines qui forment habituellement un cercle à côté de l'herbe.
Moi et les rescapés du voyage nous mettons en rang devant la classe et je ne sens plus les parfums des filles ni la bise famillière que nous nous faisons chaque matin. Je m'assieds à ma table, seule, je ne vois pas Clémence qui me raconte les derniers potins, j'ai les larmes aux yeux. Je ne sais plus qui pincer ; Clémence est ma cible favorite et elle n'est pas là.
Je me retourne et je trouve les deux chaises de derrière vides, j'imagine Orianne et Bérénice rire. Hier soir je les ai appelées sur un portable qu'elles ont fait passer dans tout le bus pour que je puisse dire un petit mot à chacune de mes amies. Pour la première fois je me sentais à part, si loin d'elles, j'espère qu'elles penseront à moi...Je jette un coup d'oeil dans ma trousse pour prendre mon stylo bourriquet qui me rappelle tant de souvenirs...quand j'aperçois le jonc que moi et Clémence avions coupé en deux, un pour elle, un pour moi, en signe d'amitié.
Je passe un moment interminable à épier la salle de haut en bas à la recherche d'un élément familier en vain. Je ne sais pas encore comment va se passer ctte semaine mais elle ne présume rien de bon; Mme Pierrel me regarde et sent combien je suis triste, nouvelle montée de larmes. Je serre dans ma main ce demi-jonc qui a une soudaine importance à mes yeux. Je ne pensais pas que me séparer de mes amies serait si difficile ...
Et ce calme pesant qui tombe sur la classe est presque irréel. Je paierai cher pour entendre ce bon vieux brouhaha quotidien et pitié que cet accordéon qui chante dans l'autre salle cesse sa musique ! Je m'imagine appeler Laure, lui dire qu'il n'y a pas "un bon dodo", déception puis éclats de rire ...
La cloche sonne, aucun bruit de chaise ne survient.
SACHOU.L 14 nov 2005
